Elle m'a dit...

… UN VERRE, ÇA TE DIT ?

Si si, je vous l’assure. Elle a dit “Un verre, ça te dit ?” A moi !

Incroyable non ? Ça veut donc dire que, malgré tous les ratés dont je semble friand, j’ai encore et malgré tout une chance ? Bon, un verre, ce n’est qu’un verre, mais quand même. Et puis j’ai soif.

Comment j’en suis arrivé là ? La faute à quelques balbutiements malencontreux sous un soleil beaucoup trop puissant.

Après un début en fanfare et surtout avoir réussi à être à l’heure au mauvais endroit, la demoiselle, celle que je n’ai encore jamais vue –a dégainé son téléphone et m’a envoyé un message.
En deux mots, elle avait tout résumé. Quelle concision, quelle perfection. Je me suis donc expliqué et la voilà qui me guide par sms interposé.

Elle est là. Juste là. A une centaine de mètres. Deux tout au plus. Près de la fontaine. La fameuse fontaine avec de l’eau qui mouille. Il n’y a plus qu’à y aller. Deux-cent mètres, c’est quoi au juste ? Rien. Presque rien. Mais ça vous laisse juste le temps de vous perdre dans mille cogitations saugrenues. Parce que, il faut le répéter : je ne l’ai encore jamais vue. Et là, dans quelques mètres, dans quelques minutes, je vais la voir. Ces dernières semaines, le ciboulot étant ce qu’il est, à savoir une sacrée machine à mouliner sévère, a mouliné sévère. Pour construire de la Belle une image parfaite : pas trop grande, pas trop petite, le cheveu d’ébène et l’œil rieur. Et puis, histoire de peaufiner, la jupette qui donne au tableau une grâce unique. On est dans le sud, il fait chaud et surtout à ce niveau, c’est l’imagination qui fonctionne, laissons-la s’exprimer librement. Et si… non n’y pensons pas, je pourrais toujours trouver un subterfuge si la caboche s’est plantée en beauté.

Car là, dans quelques minutes, je vais la voir. D’ailleurs je la vois. La fontaine. Il y a des dizaines de personnes autour. Elle est donc là. Le pas, naturellement, ralentit. Un tiraillement tord les boyaux et l’estomac. C’est que ça mouline sévère dans le ciboulot.

Bref, ça cogite sévère et ça balise à donf pour Monsieur. C’est qu’on n’a pas la chance de rencontrer tous les jours la femme de sa vie. Même si on ne le sait pas encore. Mais bon, c’est pas le moment de se dégonfler. Le torse se gonfle un peu. Le sourire se dessine. Et l’estomac se tortille davantage.

Et puis là, je la vois. Ce ne peut être qu’elle. Ni trop petite. Ni trop grande. Le cheveu est virevoltant. Et d’ébène. L’œil, même de loin, semble s’amuser. Et puis la jupe est là. Parfaite. Sans vulgarité. Pleine d’élégance estivale. Je m’avance. Elle se lève (eh oui, à force d’attendre, elle a dû patienter sur le bord de la fameuse fontaine.)

Vient le moment des premiers mots. On dirait des murmures. Ce sont plutôt des onomatopées béates prononcées dans un ordre aléatoire. Mais on fait comme on peut quand on est impressionné. Tout sort dans le désordre. Bref, ça semble bien parti mon bonhomme. Continue comme ça et ça va finir en un tête à tête avec la fontaine.

Et vous savez quoi ?

Elle m’a jeté une bouée de sauvetage. Elle a simplement dit : “Un verre, ça te dit ?” Elle l’a dit ! A moi. Pleine de malice et surtout prête à me venir en aide. A moins qu’elle n’ait vraiment très soif. Il fait chaud quand même. En plus, elle se laisserait bien tentée par une petite mousse. Et là, ça ne se refuse pas. C’est parti.

Voilà, ça s’est passé comme ça. Incroyable, non ?

Et encore, je ne vous ai pas raconté la suite…

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